Il y a quelques jours, j’ai lu avec attention l’article d’Un sac sur le dos : pourquoi les backpacker ont mauvaise réputation ? Cet article, qui décrit et déplore des comportements de certains voyageurs peu avenants, a fait couler par mal d’encre dans la communauté des voyageurs.
Les avis sont souvent très tranchés, qu’ils soient en accord avec l’article ou non. Comme tout a déjà été dit, le but de notre billet n’est pas de refaire ce qu’Amandine a déjà fait, mais d’y apporter notre vision du problème. Enfin, histoire de ne pas voir le verre qu’à moitié vide, regardons aussi les belles initiatives lancées par les backpackers et voyageurs qui (re)donnent foi en cette grande et diverse communauté.
Individualisme versus ouverture au monde ?
Les faits décrits par Amandine comme le vol à l’étalage (ou « French Shopping »… ah ah…), le mépris de certains pour les règles locales (comme toucher l’eau d’un lac sacré… et s’en vanter), les déchets laissés derrière soit, le non respect des autres voyageurs ou locaux… Qui n’y a pas été confronté ? La plupart de ces actes sont, il faut bien le dire, le fait des voyageurs/backpackers, français ou autre nationalité, tous sont dans le même sac.
Être à l’autre bout du monde nous donne parfois un sentiment d’impunité : livré à nous même, il n’y a personne pour nous dire quoi faire, ni comment et quand le faire. Il est facile d’oublier les règles et les limites autrefois imposées par l’autorité parentale ou par sa propre morale (car selon beaucoup de voleurs, aucun ne ferait ça dans son propre pays).
Au-delà d’une histoire de limites et d’adrénaline, j’ai surtout l’impression que l’individualisme croissant dans nos sociétés n’épargne pas la communauté du voyage. Nous, notre personne, nos économies, nos problèmes (…) passent au premier plan, parfois au détriment de l’autre, et ce, même involontairement.
Je reprends un exemple dont j’ai eu écho : le défi de toucher de l’eau sacrée. On peut se dire qu’après tout, c’est de l’eau, ce n’est « rien », “on n’a pas la gale”… C’est pourtant oublier que ce défi offense une très grande partie de la population. Car si pour soi, ce n’est « rien », pour d’autres, il s’agit d’un acte impardonnable : il montre le peu de respect accordés aux croyances, à la culture, aux mythes.
L’autre exemple criant est le nombre de questions concernant les risques encourus si on ne paie pas ses amendes. Après tout, on est pas là plus d’un an et on y reviendra jamais dans ce pays. Et puis non, on n’a pas envie de dépenser nos petites économies pour une amende reçue bêtement pour un stationnement dépassé ou un feu grillé…

Source d’eau sacrée à Takaka
Pourtant, les principaux bienfaits du voyage, de mon point de vue, sont l’humilité, la remise en question, le fait de partir du principe qu’on sait peu de choses et que les autres ont beaucoup à nous apprendre. C’est remettre en perspective sa vie, par rapport à ce qu’on peut vivre et voir ailleurs. Bref, un apprentissage qui n’est permis que par l’échange. C’est donnant-donnant.
Ne pas payer ses amendes ou faire des bêtises « de jeunesse » à l’autre bout du monde ne fait pas de nous les pires criminels qu’il soit. Ça n’empêche pas d’être ouvert à l’échange, d’apprendre des autres, de s’ouvrir. Mais c’est en même temps un énorme f**k brandit avec un grand sourire aux locaux qui ont pris le temps pour nous, pour échanger avec nous, nous donner beaucoup contre le peu qu’on a à leur apporter.
“Moraliser” (ou éduquer ?) ou laisser couler, quel comportement adopter ?
Alors, comment réagir face à ce genre de comportements infects de la part de voyageurs, qu’ils soient backpacker ou non d’ailleurs ?
Sur le groupe Facebook des Français en Nouvelle-Zélande, il y a deux courants :
- ceux qui pensent que “faire la leçon” ne sert à rien. Au choix, « les concernés s’en fiche complètement, ça ne sert à rien de parler avec eux ». Ou alors, « vous faites ch*** avec votre morale à deux balles, laissez-
lesnous vivre ! » - ceux qui, comme beaucoup, pense qu’à force de dialogue, d’échange de point de vue on peut faire avancer les choses, faire comprendre qu’être à l’étranger ça signifie notamment être responsable et honnête…
À mon sens, le principal problème des backpackers c’est la mauvaise organisation du voyage sur le plan financier. Partir est si simple, si facile qu’on ne prend même plus le temps de préparer le voyage ou se préparer soi-même. Au pire, si ça ne se passe pas bien, on prend un billet retour direction papa-maman.
L’argent, le nerf de la guerre, c’est toujours un sujet sensible. Bien sûr qu’en étant backpacker on ne roule pas sur l’or. Chercher les bons plans, chercher à faire des économies, oui. Mais chercher à resquiller sur tout et tout le temps ce n’est ni la solution de facilité (vive les problèmes de tension à tout juste 20 ans !! ;D) et surtout ça influence bien au-delà de sa simple personne. Par exemple, je suis certaine qu’une minorité de Français volent à l’étalage en Australie. Et pourtant, le terme utilisé pour décrire cette pratique est maintenant « french shopping ». C’est donc la majorité qui est stigmatisée à cause des erreurs de quelques-uns.
Bref, l’échange est, à mon sens, le meilleur moyen pour faire prendre conscience que les actes de chacun se répercutent non pas uniquement sur lui, mais aussi sur les autres voyageurs et sur le pays qu’il visite. Une solution perdante pour tout le monde qu’il faut continuer de dénoncer.
Backpacker et voyageurs, le lien de connexion entre les pays du monde
Mais depuis le début on ne parle que d’une minorité de voyageurs. Regardons un peu les autres, ces centaines, ces milliers voire millions de backpacker qui voyagent dans le respect du pays qu’ils visitent, de ses habitants de ses coutumes. L’ouverture aux autres comme guide de voyage et l’humilité d’accepter d’avoir beaucoup à apprendre de soi et des autres.
La plupart ne se mettent pas en avant et sont des anonymes parmi les anonymes. Cependant, au gré des rencontres (et de mon moteur de recherche) nous avons découvert de super projets de tourdumondistes, PVTistes ou même voyageurs occasionnels qui (re)donne foi en cette très grande et diverse communauté des voyageurs.
À travers les blogs, les projets à vocation humanitaire ou bien même réalisée « juste pour soi », j’aime à croire que les backpacker et voyageurs au long court sont les relais, les liens de connexion entre les différents pays du monde.
Ambassadeurs de leur propre pays à l’étranger, ils deviennent également une sorte de « porte-parole » des pays traversés. En s’exprimant sur leurs découvertes, leurs rencontres, ils permettent aux lecteurs de mieux appréhender les Autres : les cultures du Monde, même dans les pays occidentaux, sont si différentes et inconnues pour la plupart d’entre nous. Par quel moyen, autrement que via les voyageurs, les Français peuvent découvrir comment on voit la vie au Vietnam ou le rituel du repas en Thaïlande ?
J’ai d’ailleurs sélectionné quelques blogs qui me tiennent particulièrement à cœur. Ils m’ont tous touché d’une manière ou d’une autre par les valeurs qu’ils véhiculent.
Voici ma petite liste.
Le tour du monde à 80 cm
Découvert il y a plus d’un an et demi maintenant, le voyage de cette famille française m’a particulièrement touchée. Tant par le fait que Louanne est une ambassadrice de choix, touchante, marrante, et attachante que le fil rouge sur les ONG qui encouragent et valorisent la parole de l’enfant. Un projet riche en apprentissages !
La Fourchette voyageuse
Les récits de la Fourchette voyageuse, en plus de faire gargouiller mon estomac lassé des noodles, touchent aussi le cœur avec une sensibilité et une humilité dans les rapports aux autres.
Voyajoueurs
Découvrir et faire découvrir les jeux de société partout en Europe aux enfants comme aux adultes, voilà le défi de Marion et David pour les 10 prochains mois. C’est aussi un projet que j’avais hâte de voir lancé sur les routes. Le jeu, c’est comme le rire, international !
J’ai une Ouverture
Mention spéciale pour J’ai Une ouverture. Un blog que je suis depuis le lancement. J’avais hâte de découvrir les portraits croisés réalisés aux quatre coins du monde. Des portraits vrais, humbles du quotidien de Néo-Zélandais, de Philippins, de Vietnamien… De très jolies découvertes.
Finalement, les backpackers (faussement) voyageurs ne sont qu’une goutte d’eau dans l’océan. Alors d’après vous, vaut-il mieux continuer d’éduquer, de “moraliser” ou vaut-il mieux laissé tomber ? On est curieux de connaître votre avis sur la question et de découvrir les projets de voyages que vous appréciez. Alors, à vos commentaires !
François says:
Hello,
Juste un petit message pour signaler que notre article n’a pas pour but d’attaquer les backpackers ou de “moraliser” mais de comprendre un phénomène réel. Le problème est que certains lecteurs ont survolé l’article pour ne garder sue le négatif et d’oublier le titre de ce dernier.
Sinon pour répondre a ta question, éducation et moralisation sont 2 choses différentes. L’éducation est nécessaire, c’est elle aussi qui évite les conflits, et ce à toutes les échelles du monde.
Heureusement nous terminons nos articles sur une même note positive : nous ne sommes pas tous comme cela et il ne s’agit que d’une minorité (croissante malgré tout).
Camille says:
Hello,
Pour la seconde partie “moraliser ou laisser faire”, ce n’est pas lié à votre article mais plus au groupe Facebook où, chaque jour, il y a des débats entre ceux qui font “la leçon” et ceux qui disent de laisser tomber. Loin de moi de trouver votre article moralisateur ! 🙂
Heureusement que la majorité n’agit pas comme ça. Je crois que sinon, on peut dire adieu aux divers programmes comme les PVT.
François says:
Hello Camille,
Merci pour ta réponse. 🙂
seb says:
Salut , je suis ici depuis presque 4 mois . J’alterne entre wwoofing et backpackers, je suis actuellement à ma dixième maison et une seul mauvaise expérience donc ça va , rencontre et échange exceptionnel avec toutes la population du Nord au Sud.
Pour répondre à la question , l’éducation se fait avant de partir essentiellement par nos parents mais dans l’environnement où l’on a grandi aussi. Moraliser , oui on peut mais je ne pense que cela change quoi que ce soit car ces personnes ne changeront pas leur comportement par contre c’est à nous , personne qui respecte culture et tradition qui est ici de montrer que cela n’est qu’une partie minoritaire de Français.
Pour finir le groupe sur facebook me pourri plus mon mur qu’autres chose entre discution inutile sur c’est pas bien de faire ça ou ça et le nombre impressionnant de personne qui poste une annonce pour vendre une voiture ça serais pas mal de crée un groupe juste pour ça.
adresse de mon blog : sebastien-daix.over-blog.com/
bonne continuation à tous , cheers
Camille says:
Effectivement, c’est aux autres de montrer que ce n’est qu’une petite minorité qui ne respecte pas. Le souci, c’est que c’est de cette petite minorité qu’on parle principalement et dont on a écho. Et pas suffisamment des voyageurs respectueux et honnête :/
Bonne continuation à toi aussi ! Enjoy your trip 🙂
Evetmatt says:
Merci beaucoup pour le joli commentaire…
Nous avons vraiment profondément aimé la Nouvelle Zélande et les quelques jours passés chez l’habitant.
A bientôt !
Eve
Camille says:
Avec plaisir ! Dommage qu’on se soit manqué en Nouvelle-Zélande, on a pas pris le temps de vous contacter 🙁 Une autre fois, qui sait !
Perrine says:
Merci pour ce bel article qui apaise. Je plussoie le fait que l’on parle d’une minorité, que le dialogue reste THE solution et que ce soit souvent un problème d’argent (lié aux rêves vendus par les médias et à l’immaturité ? peut-être). Merci pour les liens je ne connais pas la plupart des blogs, j’irai faire un tour.
As-tu eu de mauvaises expériences en Nouvelle-Zélande ? Personnellement je n’en ai pas eu. J’ai même été agréablement surprise du comportement des vacanciers et backpackers en général. J’avais eu l’occasion de travailler en Europe dans des zones de tourisme de masse auparavant et le comportement des visiteurs (toutes nationalités confondues) m’a parfois laissée pantoise : entre ceux qui prétendent que l’on se doit de parler leur langue, ceux qui jettent tout par terre, ou crachent, ceux qui ne respectent pas les lieux sacrés (un peu comme cité dans ton article) et ceux qui considèrent que tout est cher et donc à négocier comme du poisson pourri … Bref je ne sais pas, peut-être que l’air de la Nouvelle-Zélande calme les gens …
Camille says:
Merci Perrine !
Pour le moment on a pas eu de “mauvaises” expériences en Nouvelle-Zélande, a part peut être s’être fait entuber une fois chez le garagiste… Donc rien à voir avec les vacanciers. Par contre on a été témoin de certains incivilités de la part de certains (backpacker ou non d’ailleurs !) et on l’a un peu gardé en travers de la gorge… Mais bon, c’est vraiment une petite minorité !
mariel says:
vu de l’exterieur, malheureusement, la mauvaise reputation des backpackers ne vient pas juste d’une minorité. Faut dire qu’en ce moment, a Christchurch, on est un peu tendu du slip sur le sujet des freedom campers,
Pour moi, le probleme n’est pas juste financier (meme si on est d’accord c’est un gros point). Le probleme, c’est que le PVT s’est transformé en grosse colonie de vacances a l’autre bout du monde sans mono pour dire que c’est l’heure de dormir ou qu’il faut ranger ses affaires. des jeunes qui bouffent des noodles (parce que c’est pas cher), en buvant des bieres (parce que c’est la fete).
Quand on les voit tous aglutinés dans des parkings gratos, on se demande ce qu’ils vont retenir de leur sejour.
c’es assez triste en fait: est ce que c’est vraiment ca que tous ces jeunes sont venus chercher?
Camille, on s’est croisé, je sais que vous avez “reussi” votre voyage, mais quand on est de mon coté de la barriere, on a quand meme l’impression que c’est la minorité.
Camille says:
En réalité, on est aussi très déçus de la manière dont le PVT évolue. Déçus de voir que les gens ne prennent pas la mesure de la chance qu’ils ont et qu’ils abusent pour resquiller le moindre dollars, pour ne pas assumer leurs faits et gestes et pour voyager toujours plus, au détriment des autres, et notamment des locaux. On a eu une discussion un peu similaire avec Stef (Tooshbrushnomads) il y a peu de temps. Et cet article vaudrait bien une petite mise à jour. De notre coté, on t’avoue qu’on a plus franchement envie de partager nos petits coins de bonheur en Nouvelle-Zélande, des rencontres qu’on a faite parce qu’envoyer des gens qui ne respectent rien ni personne là bas, ça donne pas envie. Déjà quand on était là bas, on avait l’impression que beaucoup de voyageurs étaient trop jeunes pour pouvoir voyager aussi librement que ça. C’est la fête, papamaman sont pas derrière on peut se coucher après minuit ! Allemands, Français, même combat… Mais aujourd’hui, rien qu’à lire les groupes Facebook, sans y être, mais avoir des échos de toi ou d’autres amis kiwis, bah ça rassure pas sur l’avenir de ce PVT qui pouvait être une occasion en or de découvrir un pays pareil. Et perso, ça me rend quand même assez triste…
Perrine says:
En fait c’est un peu comme en cours : on ne remarque que les mauvais élèves 😉 Mais les backpackers respectueux ne se feront pas remarquer car ils resteront discrets, et on ne les croisera pas sur les free parkings ou alors on les remarquera à peine. Toothbrush Nomads a lancé un gros débat et se pose des questions. C’est intéressant. Je n’ai pas assisté à des comportements douteux mais j’ai vu pas mal de déchets sur certains spots de camping malheureusement. Je crois qu’il y a des solutions, et malgré les grosses critiques sur les straybus/kiwiexperience que j’ai pu entendre, cela reste encadré et donc bien géré. Si certains sont des bébés, ils ont cette option. Ca ne me convient pas perso mais ça peut convenir pour d’autres. Par ailleurs, peut-être que les douanes devraient vérifier réellement que les conditions sont bien remplies par les backpackers en arrivant sur le territoire : somme d’argent à avoir, assurance.. Je viens d’arriver en PVT au Canada et on m’a bien demandé des papiers. Je trouve cela logique. Il faut prouver qu’on respecte le contrat… Après je ne sais pas … Le voyage des backpackers/PVTistes est devenu très consumériste… C’est bien dommage