Christchurch ne laisse personne indifférent. On aime ou on déteste. Derrière les vastes chantiers qui parsèment chaque coin de rue, il se dégage un autre village de cette ville… qu’il faut savoir chercher.

Nous avons passé près de 3 mois dans l’agglomération, tantôt en baroudeurs, tantôt installés dans un quartier en bordure du centre-ville. Nous avons eu le temps de vivre au rythme des habitants, d’y explorer quelques mètres carrés. D’y découvrir des choses fantastiques et d’autres, plus tristes.

Si la ville a été frappée en son coeur en février 2011 par un tremblement de terre qui a détruit le Christchurch historique et emporté trop de vies, on ne peut plus résumer la ville uniquement à ses blessures. Elle a bien plus à offrir !

La Red Zone

La ville de Christchurch est (était ?) notamment connue pour ses bâtiments aux allures victoriennes. Vieux building de briques rouges, bâtiments de pierres érigés à la fin des années 1800, la magnifique cathédrale et ses autres bâtisses constituaient le coeur de la ville… L’Avon River, qui la traverse, les grands parcs qui lui donnent un écrin de verdure… Vraiment, il fait bon vivre à Christchurch.

Jusqu’au 24 février 2011 et ce séisme qui, en moins de 2 minutes, a ravagé une très grosse partie de la ville, déjà abimée par un précédent tremblement de terre en 2010.

Batiment détruit à Christchurch

Le coeur du CBD, le quartier des affaires, des restaurants et des commerces est réduit à néant. On déplore plus de 180 victimes, dont la plupart prises au piège de la tour de la télévision, qui s’est effondrée sur elle-même.

Une très grande partie du centre-ville est évacuée et seules les équipes de sauvetage et l’armée ont le droit d’évoluer dans ces rues où certains bâtiments menacent de s’écrouler d’une minute à l’autre. La Red Zone restera fermée au public pendant plus de deux ans. Le temps nécessaire pour évaluer les dégâts, dégager les rues et reconstruire ce qui peut l’être.

Depuis 2011, le visage Christchurch s’est considérablement modifié : les buildings qui ne se sont pas effondrés le jour même ont été abattus pour raison de sécurité. Par conséquent, à l’heure actuelle, la ville ressemble plus à un chantier géant et interminable qu’à autre chose.

Pour autant, une cathédrale de carton a remplacé Christ church. Un mémorial, composé de chaises vides peintes en blanc fait face à l’endroit où se tenait auparavant la TV tower. Des oeuvres de street art décorent les bâtiments à moitié détruit et apportent des couleurs à ces amas de béton. Des parcs participatifs animent le centre-ville. Bref, les habitants de Christchurch n’ont pas dit leur dernier mot !

Eglise en carton de Christchurch Nouvelle zelande

L’église temporaire est créée principalement à partir de tube de carton

Nothing left. Except our lives.

On a rencontré, travaillé, discuté avec des gens qui ont vécu le séisme. Certains y ont perdu leur commerce, leur habitation, d’autre leur job, d’autres des proches. Tous, sans exception, restent marqués à vie. Certains en parlent avec facilité, d’autres à demi-mot. Tout le monde a une histoire à raconter : la solidarité qui s’est mise en place dès les premières minutes, les blessures, les batailles avec les assurances, les craintes de remonter dans des immeubles, la volonté de montrer un visage positif de sa ville…

Mais ce qui nous a le plus frappés dans ces échanges, c’est que tous ont complètement changé de philosophie de vie. Ainsi, ma boss, propriétaire d’un resto très connu dans la ville, me racontait qu’avant 2011, son mari et elle travaillaient 6 jours sur 7, parfois plus. Jamais ou peu de pauses.

Leur restaurant et leur maison sinistrés par le séisme, ils se sont retrouvés du jour au lendemain à la rue. Sans restaurant, sans maison, mais avec la vie sauve. De leurs propres aveux, cet évènement a bouleversé leur manière de voir le monde : “on n’a plus rien. À part nos vies. On en profite“. Ainsi, ils prennent plus de vacances, travaillent moins, en profitent pour contribuer à la vie de leur quartier, passer plus de temps avec leurs proches ou à la rencontre de leurs voisins. Bref, plus de temps pour Vivre.

De même, l’élan de solidarité qui s’est mis en place au lendemain du séisme semble s’être prolongé jusqu’à aujourd’hui. D’après nos collègues, les gens sont moins centrés sur eux, sur le matériel, plus ouverts aux autres et prêts à filer un coup de main si l’occasion se présente. On savait déjà que les Néo-Zélandais étaient du genre avenant et toujours prêt à rendre service. Et apparemment, c’est encore plus vrai à Christchurch ! Tous épris de bonne volonté, ils contribuent à leur hauteur à la reconstruction de leur ville. Il faut repartir à zéro.

Re:Start, un mall et un état d’esprit

Re:Start, ce n’est pas seulement le nom donné à ce centre commercial, composé de containers et installé sur les ruines d’un ancien mall, c’est aussi l’élan donné à la ville toute entière auquel participe activement les habitants.

Haut en couleur, le Re:Start Mall héberge des magasins qui ont perdus leurs locaux. Il n’y parait pas comme ça, mais on se retrouve très vite à flâner dans les allées du nouveau centre commercial aux boutiques rectangulaires, déambuler de créateur en créateur, un (super bon) pita à la main.

Le centre commercial de containers christchurch

Mais au-delà d’un paradis du shopping, Re:Start est une vraie volonté commune de repartir sur de meilleures bases : il ne reste plus rien, tout est à reconstruire. C’est une “chance” presque unique pour les habitants de dessiner leur ville telle qu’ils l’imaginent et d’y créer tout un tas d’animation qui re:donnent vie aux lieux.

Ainsi, en vous baladant dans la ville, vous ne pourrez pas échapper aux oeuvres de street art, ces peintures de rue, dont certaines semblent tout à fait réelles. Elles captent l’attention, dynamisent l’environnement qui les abrite et sont comme des touches de couleur au milieu des gravats.

Et souvent, au détour d’une rue, à la place d’un énième parking vide, de nombreuses animations sont organisées dans des parcs improvisés. Coin de verdure au milieu du grisâtre ambiant, les parcs, eux aussi hauts en couleur, apportent une autre bouffée de vie au quartier. Un argument de plus qui montre que Christchurch n’est pas la ville sinistrée que certains dépeignent.

Il y a encore beaucoup à faire : Christchurch n’est pas “l’eldorado” des backpackers pour rien, mais même avec un nouveau visage, elle a du charme. Et beaucoup de belles histoires à raconter.

  1. Bonjour Camille,
    Merci pour ce bel article, j’ai presque versé une larmichette. J’ai vécu deux ans à Christchurch, en 2007 et 2008, avant les tremblements donc, et je peux t’assurer qu’effectivement il y faisait bon vivre. Je suis tombée amoureuse de cette ville, de ses parcs, son vieux centre, de tout ce qu’il y a autour, ses collines, Sumner etc. Les gens étaient déjà à l’époque formidablement accueillants et cela ne m’étonne pas du tout d’apprendre que la solidarité s’est encore renforcée. J’ai été très touchée – et je le suis encore d’ailleurs- parce qu’il est arrivé là bas et j’aimerai beaucoup y retourner un jour. En tout cas merci pour ce blog, profitez bien de la NZ et de ses habitants, et à bientôt!

    • Bonjour Elsa et merci pour ton commentaire.
      C’est vrai que Christchurch est une ville très à part en Nouvelle-Zélande. peut être l’une des seules qu’on trouve vraiment agréable.
      Comptes-tu revenir un jour par ici ?

      À bientôt ici ou ailleurs 🙂

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