Quel backpacker n’a pas connu ce moment de solitude ? Celui où tu t’aperçois que ton compte en banque est vide et qu’en grappillant les centimes par-ci, par-là, tu arrives péniblement à 5$… pour deux ! Cette situation on l’a vécue. Tout est planifié, ton voyage est bien avancé, tout roule parfaitement… Jusqu’au moment où, faute à pas de chance, un ennui mécanique te tombe sur le coin du nez et vide insidieusement tes économies sous tes yeux.
Que celui qui ne s’est jamais retrouvé sans un sou en poche au milieu de son PVT lève la main ! On peut le dire à coup (quasi) sûr, on n’a pas été tout seuls dans cette galère. D’ailleurs c’est ni la première fois, et certainement pas la dernière, que des voyageurs expérimenteront de vivre avec peu (très peu) d’argent dans des temples de la consommation comme peuvent l’être nos villes modernes.
Dans notre cas, nous étions à Auckland, à la fin de notre première partie de voyage qui nous a permis de vadrouiller dans tout le nord de l’île du nord. De retour en ville, nous souhaitions vendre notre van qui, une fois l’hiver passé, est devenu bien trop gros pour nous.
Et il fallait le vendre vite (et bien !). Comme on vous le disait, nos économies s’étaient envolées dans des réparations imprévues et dans le voyage : on a parcouru des centaines de kilomètres (et l’essence n’est pas donnée), on a visité des parcs magnifiques (comme Waimangu Valley)… bref, on a bien profité ! C’est dingue comme l’argent se dépense bien plus facilement qu’il ne se gagne !
Une fois en ville, les dernières réparations finalisées et nos derniers dollars évaporés, nous avons ranger le van de fond en comble pour réunir (péniblement !) nos 5 derniers dollars.
Vivre avec 5 dollars
Je vous plante le décor : on est à Auckland, le van sur la réserve, la bouteille de gaz en fin de vie, les stocks de nourritures qui se comptent en paquet de noodles et tranche de pain… bref… il nous reste 5 dollars pour vivre. Combien de temps ? On ne sait pas.
Il est vrai que nous aurions pu chercher un travail ou un wwoofing. Mais nous avons préféré nous concentrer sur la vente de notre véhicule et être disponibles pour les visites. Nous avons misé toutes nos chances sur un départ rapide. Un choix aux risques limités vu que le mois de septembre est l’un des meilleurs pour vendre sa voiture.
Côté nourriture, on rationne le pain et le fond de confiture qu’il nous reste. Une tranche le matin, une sur la route vers la bibliothèque en guise de déjeuner. Tous les soirs, c’est Noodles party !!…Enfin… jusqu’au moment où la bouteille de gaz finit par nous lâcher à son tour.
Heureusement, en Nouvelle-Zélande existent les paquets de pains de mie à 89 centimes !
Une fois le paquet de pain terminé, la confiture devenue écoeurante de redondance, on s’est quand même décidé à aller dans un supermarché.
Mais qu’est-ce qu’on peut acheter avec 5$ en poche quand on n’a rien pour cuire ? On oublie tout ce qui se cuisine, on oublie tout ce qui est industriel. On se rabat sur les fruits. C’est cher les fruits ! On finit par prendre deux pommes chacun, qui devront nous faire la journée… et celle de demain !
Sans gaz, sans essence, sans nourriture et avec plus que 2$ d’économie on se demande bien ce qu’on va devenir, au milieu d’Auckland.
Heureusement, la situation s’est très vite arrangée une fois le van vendu et le compte en banque renfloué (au moins pour un moment).
Ce qu’on en retiré
Paradoxalement, cet épisode n’est pas un mauvais souvenir. Ok, ce n’était pas la situation la plus confortable ni la plus drôle qu’on ait connue, mais c’est peut-être l’une de celles qui nous a appris le plus sur nous même.
À vrai dire, on en a beaucoup rigolé sur le coup de devoir faire des savants calculs pour s’acheter (ou pas !) nos paquets de noodles à 69cts l’unité !
Qu’on se le dise, la gestion du budget en voyage est bien plus compliquée que lorsqu’on est sédentaire avec des rentrées d’argent régulières.
Cependant, cet épisode nous a aussi montré qu’on est capable de faire bien des choses avec peu d’argent. Par exemple, le gaz ayant coupé au milieu de la cuisson de nos noodles, on a toqué à la porte de la voiture voisine pour leur demander de nous dépanner. Du coup, on a rencontré un super couple de voyageurs franco-allemand avec qui on a passé quelques bonnes soirées à jouer aux cartes ou aux petits chevaux.
En quelque sorte, le temps a ralenti pour nous, pendant cette période. Une certaine latence régnait. Un sentiment pas désagréable où vous êtes un peu en dehors de la société de consommation qui pousse à avoir toujours plus.
Aucun voyageur n’est à l’abri d’un incident de de ce genre. Mais cet épisode nous aura aussi servi de leçon : maintenant, on garde toujours un petit peu d’argent en sécurité, hors du compte en banque. Une sorte de réserve de secours pour nous dépanner si besoin.
Bref, aucune morale, aucun conseil dans cet article. On tenait juste à vous relater fidèlement notre aventure de PVTistes en Nouvelle-Zélande… et cela passe aussi par les côtés qui font un peu moins rêver !
Pauline says:
Les imprévus en voyage c’est toujours compliqué à gérer! Il m’arrivé une tuile aussi en Nouvelle-Zélande, j’ai reçu une pierre sur le pare brise qui a fait un impact énorme, 400$ à payer, ça fait mal!! Mais comme vous dites, ça devient des bons souvenirs!
Guillaume says:
Merci pour ce billet plein d’honnêteté et de réalisme, qui donne même un peu de baume au coeur. Étant précisément dans ce cas et à Auckland (mais sans van, haha!)… pas trop compliqué de s’identifier à votre article. Le plus drôle étant lorsque des gens, en France, vous disent : ‘waouh, la Nouvelle-Zélaaaande, tu dois kiffer, mais comment tu fais ?’ – Bah, un jour des nouilles, un jour du riz ! Haha…
Camille says:
Pas de quoi Guillaume !
Les noodles, ça rythme les journées, pas vrai ? ^^
Guillaume says:
Haha, oui… un peu. Avec des épices, pour varier, pour se réchauffer et vivre un peu plus longtemps ! Bon, je file, j’ai une granny smith à dévorer ^^