Peuple ancien, les Maoris sont guidés par un ensemble de règles, de croyances et de mythes. Complexe et parsemée de légendes, la mythologie maorie personnifie les éléments auxquels les tribus se réfèrent aujourd’hui encore. Chaque composant de la Nature est vivant et doté de grands pouvoirs.

La mythologie maorie explique notamment le lien qui unit le peuple maori à la Terre et le respect que ces derniers ont pour les éléments, qu’ils soient vivants (animaux, plantes…) ou non (rochers, montagnes, rivières…).

Il existe de nombreuses variations de chaque histoire : à l’origine, les mythes se contaient et ne furent écrits que très tard. Par conséquent, chaque tribu transmet sa version, qui, bien que proches, diffère légèrement d’une partie du pays à l’autre.

Pour autant, tous s’entendent à dire qu’au commencement, il n’y avait rien

La séparation du Ciel et de la Terre

There was Night at the first—the Great Darkness. Then Papa, the Earth, ever genial, general Mother, and our Father, fair Rangi—the Sky—in commixture unbounded confusedly clave to each other;
And between them close cramped lay their children gigantic….

Alfred Domett (1811 – 1887)

À l’origine du monde, il n’y avait que l’immense obscurité.  Puis sont apparus la Mère Terre (Papatuanuku) et le Père Ciel (Ranginui), qui sont mari et femme. Follement amoureux, ils s’enlacent dans un long baiser et donnent naissance à de nombreux enfants. Mais leur étreinte empêche la lumière de pénétrer et leurs enfants grandissent dans l’obscurité.

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Représentation des principaux enfants de Papa et Rangi
De gauche à droite, Tūmatauenga, Tāwhirimātea, Tāne Mahuta, Tangaroa, Rongo et Haumia
Source : Mythologie maori

Las, Tumatauenga, le Dieu des Guerres conseille alors de tuer ses parents. Mais Tane Mahuta, le Dieu des Forêts et des Oiseaux, proposa plutôt les séparer pour que la Mère Terre puisse continuer à nourrir ses descendants. Tous se mirent d’accord, excepté Tawhiri, le Dieu des Vents et des Tempêtes, qui craignait de perdre son royaume si ses parents étaient séparés. Mais il se tue en espérant que ses frères échouent leur entreprise.

Après de nombreux essais infructueux, la fratrie comprend que la tâche sera ardue. Tane Mahuta tenta à son tour. En poussant doucement à l’aide de ses pieds et de ses bras, il réussit à séparer son père et sa mère. Cette séparation fit saigner Papatuanuku et Ranginui. C’est la première fois que du sang coula sur la Terre, la colorant en ocre.

Le kokawai, le rouge ocre, est très présent dans la culture maorie : c’est de cette couleur que sont peints la plupart des sculptures et bâtiments traditionnels. 

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Le village d’Ohinemutu, peint au couleurs traditionnelles d’ocre et de blanc.

Ranginui, le père Ciel est inconsolable et pleure son épouse. On dit que ses larmes ont formé les rivières, les mers et les océans de la planète. Et aujourd’hui encore les nuages et la brume seraient les soupirs de Papatuanuku.

La guerre des enfants-dieux

Une fois la lumière entrée, et le monde créé, une guerre éclata dans la fratrie : Tawhiri, le Dieu des Vents et des Tempêtes, furieux de la séparation de ses parents, s’envola rejoindre son père. Il promit à ses frères de les punir pour avoir éloigner le Ciel de la Terre. De rage, il s’arracha les yeux et les jeta au ciel, créant ainsi la constellation Matariki.

Pour vaincre sa fratrie, Tawhiri réunit ses enfants, les différents vents et nuages. Il terrorisa ses frères en envoyant sur Terre les nuages des tempêtes, les vents des tornades et des ouragans accompagnés des pluies longues et continues, des brumes et des brouillards. Sa colère serait responsable de l’inondation de vastes zones sur Terre.

Il s’attaqua à Tane Mahuta et détruisit les forêts et les oiseaux, laissant les insectes manger les troncs pourrit.

Il s’attaqua à Tangaroa, et le fît plonger dans les océans. Tangaroa devient ainsi le Dieu de la Mer et le père des créatures qui y vivent. De peur, Itakere et Tu Te Wehiwehi, les petits fils de Tangaroa, fuirent le courroux de leur aîné. Le premier rejoindra l’océan et deviendra le père des poissons. Le second se réfugia dans la forêt et sera le père des reptiles.

Il s’attaqua à Rongo et Haumia, qui se cachèrent dans la Terre, dans le sein de leur mère. Ils y restèrent le temps que la tempête passe. Ils devinrent ainsi le Dieu des Aliments cultivés et de la Paix pour le premier et le Dieu de la Fougère et des Aliments non cultivés pour le second.

Il s’attaqua à Ruwaimoko, qui se réfugia dans les volcans, et devient le Dieu des Volcans et des Tremblements de Terre.

La vengeance de Tumatauenga

Seul Tumatauenga (ou Tu), le dernier né de la fratrie, le Dieu des Guerres et de l’Homme et l’ancêtre du genre humain, fit face à son frère et triompha. Furieux d’avoir été le seul à résister face à la colère de Tawhiri, il entreprit de se venger.

Il mit ainsi au point les hameçons et les filets pour capturer les poissons, les enfants de Tongaroa. Il cultiva la terre pour manger les enfants de Haumia et Rongo. Il attrapa les oiseaux, descendants de Tane Mahuta.

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Cette sculpture est une représentation de Tūmatauenga ou “Tū au visage en colère”, le Dieu des Guerres et l’ancêtre du genre humain.
Source : Tūmatauenga

Les actions de Tu ont encore des répercussions sur la vie d’aujourd’hui. C’est notamment grâce à sa guerre menée contre ses frères que le peuple maori, après avoir honorer les rituels, peut pêcher le poisson, cultiver le kumara (la patate douce), couper le bois des arbres pour créer leur waka (le canoë) et, plus généralement, exploiter les ressources naturelles du monde.

Lors des rites de guerre, les Maoris invoquent également Tumatauenga, le Dieu des Guerres. Ainsi, le peuple peut combattre ses ennemis, car Tumatauenga en a montré l’exemple. Pendant les grandes batailles autochtones, il était rituel d’offrir le premier mort au dieu de la Guerre.

Voilà donc comment le monde serait né. Mais pour se développer, il manquait à ce monde, un élément indispensable d’après Uru-te-ngangana, le premier enfant de la fratrie. Il encouragea alors ses frères à chercher ira tangata, l’élément féminin, dans l’unique but de créer la femme.

Mais ça, c’est une autre histoire

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Sources :

Victoria University of Wellington Library : Legends of the Maori

Te Ara : Encyclopedia of New Zealand

  1. Bonjour, quelle magnifique légende. J’ai toujours adoré la mythologie, et celle-ci j’avoue que je ne la connais pas du tout. Voilà pourquoi j’ai adoré vous lire. J’ai en prévision un voyage pour 2016 en Nouvelle Zélande. Cette terre m’attire tellement. En attendant je récolte toutes les infos que je peux. Bonne continuation.

    • Merci Louise !
      En effet, la Nouvelle-Zélande est sans aucun doute un pays à découvrir quand on aime les voyage et tout ce qui touche à l’histoire des peuples !

      N’hésite pas à nous contacter si tu as besoin de renseignements divers 🙂

      A bientôt !

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