Le fruit picking n’est pas le seul job à envisager lorsque vous souhaitez travailler dans les champs en Nouvelle-Zélande. Entre les saisons de récoltes, les vergers sont à la recherche de main d’œuvre pour entretenir les arbres. Et voilà comment on s’est retrouvé dans l’apple thinning pendant un mois.
À la recherche d’un emploi du côté de Nelson, nous avons postulé dans une coopérative agricole (Wai West pour ne pas la nommer). L’entreprise employait déjà des amis à nous et avec le nombre de champs aux alentours, on avait bon espoir de trouver une petite place rapidement.
La période creuse des fêtes nous a obligés à attendre début janvier avant d’entamer notre boulot. Enfin, c’est Pierre-Jean, le premier de nous deux à s’y coller, puisque j’étais à l’étranger quelque temps.
L’apple thinning kézako ?
Après trois jours de picking de boysenberries, nous avons été envoyés dans les champs de pommiers pour les « thinner », en gros, éclaircir les arbres.
En effet, certaines branches sont très chargées en fruits. Pour les laisser grandir et grossir, il faut alors en retirer certaines pommes, moches ou petites. En somme, rien de compliqué me direz vous. Effectivement, ce n’est pas le job niveau bac +8. Cependant, quand on bosse dans l’apple thinning, il faut sans cesse réfléchir pour savoir quelles pommes doivent être enlevées et celles qui doivent rester.
- Celle du dessus ? Les autres, qui étaient protégées par cette dernière, risque de prendre des coups de soleil et de brunir : invendable…
- Celle du dessous ? Si on ne fait pas attention, ce n’est pas une pomme qui va tomber, mais la grappe entière…
Vous voyez un peu le problème ?
George, notre contractor (ou « le boss ») nous répétait toujours « take those underneath ». Et voilà comment tu te retrouves à chantonner toute la journée « Underneath your clothes » de Shakira…
Chaque contractor a un fonctionnement différent en fonction des arbres et de la sorte de fruit. Dans le verger principal, l’objectif était de laisser des arbres harmonieux, ni trop chargés, ni trop vides de pommes. De ce fait, certaines fois, enlever les fruits de petite taille était suffisant.
Mais comme vous le savez, les pommiers, ça ne pousse pas à raz du sol. L’exercice devient un poil plus périlleux lorsqu’il faut grimper tout en haut de son échelle, sur le plateau supérieur et aller, sur la pointe des pieds, prendre les fruits à la cime du pommier.
La vue d’en haut est plutôt sympa.
C’est une bonne position ça, apple thinner ?
Comme dans tout boulot payé au rendement, la qualité première d’un bon thinner c’est la rapidité, tout en travaillant bien. Et ce n’est pas un compromis facile, car il faut savoir picker vite pour être « au quota » et gagner le minimum horaire et donc être encore plus rapide pour avoir plus.
Chaque rangée est tarifée différemment selon la difficulté des arbres : s’ils sont gros et feuillus ou pleins de pommes, ils seront à un prix plus élevé que de jeunes arbres qui ont « 3 pommes sur le caillou ».
Clairement, ce n’est pas le travail où l’on peut vraiment se faire beaucoup d’argent, comme le rêve des milliers de backpackers. Il faut être honnête : même en se « défonçant à la tâche », c’est difficile de gagner plus de 15$ par heure et surtout de rester constant. Car si vous êtes « rentable » la moitié de la semaine et que vous allez moins vite le reste du temps, vous n’obtiendrez pas plus que le minimum. Et si, comme moi, vous prenez la saison sur le tard (je suis arrivée deux semaines avant la fin), vous aurez de fortes probabilités d’être payé à l’heure plutôt qu’à l’arbre.
Pour conclure, l’apple thinning n’est pas vraiment le boulot le plus facile qu’on ait trouvé jusqu’ici. Outre le fait que cela soit physique (déplacer son échelle toutes les trois minutes en plein cagnard, ça fatigue !), c’est un job qui n’est pas franchement rémunéré à la hauteur de sa difficulté. Il faut pouvoir se donner à fond pendant des semaines entières pour une rémunération qui n’est pas toujours très gratifiante. Ce qui rattrape un peu le coup c’est qu’on a eu la chance de tomber sur un super patron, compréhensif et cool, qui nous amenait des glaces quand il faisait trop chaud… Et ça, c’est quand même bien chouette !