C’est l’hiver en Nouvelle-Zélande. Le soleil se cache depuis plusieurs semaines déjà. La pluie, elle, s’est invitée avec ses meilleurs amis, le vent et le froid. Du coup, nous avons posé nos bagages et garé le van le temps de travailler à l’usine de kiwis.
C’est l’occasion de se pencher un peu plus près sur l’organisation de notre voyage. On reçoit régulièrement des mails de personnes prêtent à partir, mais qui ne savent pas comment s’y prendre. À travers ce dossier, nous souhaitons vous faire part de notre expérience et de nos conseils pour bien préparer votre voyage.
Entre vouloir partir et partir : l’idée du voyage
Aller à l’étranger, quand on est jeune, c’est « facile » : beaucoup de choses sont faites pour favoriser les expériences à l’international comme les VIE (Volontariat International en Entreprise), les programmes d’échanges entre écoles… Mais partir, ça demande aussi une sacrée organisation, d’autant plus lorsqu’on sort d’un cadre scolaire ou professionnel. Il y a une foule de questions qui se posent : où ?, comment ?, par quels moyens ?, pour quoi faire ? … Et puis avoir le « cran » de tout quitter, comme on vous l’expliquait dans le premier billet de ce blog.
De notre côté, l’idée de partir, nous l’avions depuis longtemps, sans pouvoir réellement la concrétiser. Et puis un jour, tout s’est bousculé. Nous sommes arrivés à une “nouvelle étape” de notre vie : la fin des études et l’entrée dans la vie active. Cela nous a permis d’envisager sérieusement notre départ et de construire notre projet de voyage petit à petit. Il ne restait plus qu’à définir comment organiser tout ça, comment pourrions-nous rendre ce rêve réel ?
Alors bien sûr, il y a les envies… et la réalité. La seule chose qu’on savait, c’est qu’il nous était impossible de partir sur un coup de tête pour ce genre de voyage, lâcher nos emplois et voir de quoi demain sera fait. Au contraire, nous voulions prendre le temps de laisser mûrir notre voyage et faire les choses à notre rythme.
Préparer un voyage au long court, ce n’est pas seulement savoir quels vêtements mettre dans son sac. C’est aussi (ré)organiser sa vie pour se dégager le temps nécessaire à une telle entreprise. C’est aussi réfléchir sur ses attentes, ses craintes et ses besoins, afin de bien vivre votre expérience à l’étranger. Bref, c’est une préparation matérielle (quel visa ? quel sac ? combien de temps ?…) et mentale (pour soi et ses proches).
Par où commencer ? Comment transformer ses envies en réalité ? C’est ce qu’on vous propose de découvrir à travers ce dossier.
Organiser nos vies : notre vécu
Cette première étape n’est, de mon point de vue, pas la plus aisée. Voyager au long court, ça veut dire mettre son quotidien entre parenthèses pendant un temps. Boulot, famille, hobbies, il faut parfois accepter quelques sacrifices pour rendre le voyage possible.
Le travail :
Avant même de songer à partir, il faut penser à mettre de l’argent de côté. On vous parlait de sacrifices, c’est là que ce terme prend tout son sens. Vu que nous n’avions pas des salaires mirobolants, l’année précédant le départ était rythmée par le mot “économiser ! économiser ! économiser !”. Et c’est peu dire ! Le moindre restaurant, la moindre sortie, le moindre vêtement étaient comptés.
Notre leitmotive : “si on souhaite quelque chose, il faut s’en donner les moyens”. Mais étrangement, même si refuser une soirée dans un bar et un club pouvait être frustrant, cela nous mettait toujours en face d’une réalité quelque peu excitante : on se rapprochait du départ ! Bon, on doit vous avouer, on n’a jamais réussi à dire non à une bonne crêperie entre copains avec une bonne bouteille de cidre.
Plus difficile que de faire des économies, Pierre-Jean, infirmier, a choisi de travailler en intérim sur Paris où le nombre d’offres d’emploi pullule, contrairement à la Bretagne. De mon côté, j’étais en poste à Rennes. Par conséquent, on a vécu à distance pendant un an. Ce n’était pas facile tous les jours, mais ce n’était pas non plus insurmontable…
Le moment venu, Pierre-Jean a arrêté ses missions en intérim pour revenir en Bretagne afin qu’on puisse finaliser le voyage. Mon contrat s’est terminé quelques mois avant notre départ.
Bref, pour nous, quitter nos vies professionnelles n’a pas été très compliqué d’autant plus que nous n’avions aucune charge ni responsabilité : nous étions locataires de nos appartements et nous n’avons pas d’enfants.
Pour autant, cela peut faire peur à certains de devoir mettre fin à leur contrat de travail. Dans ce cas, pourquoi ne pas essayer d’obtenir un congé sabbatique comme cela se pratique dans certaines entreprises (petites ou grandes) ? Ainsi vous conservez votre place au chaud pour votre retour, tout en profitant de quelques mois d’aventure.
La famille et vos amis :
Partir à l’étranger pendant plusieurs mois, ça veut dire couper le cordon pour de bon et accepter que vous manquerez des Noëls en famille, des évènements importants de la vie de vos proches ou que vous les vivrez par procuration… bref, que votre monde continuera à tourner, même si vous n’en faites plus réellement partie.
Cela donne parfois des situations un peu particulières : tout le monde s’agite et s’organise autour de vous en prévision de la prochaine soirée d’anniversaire d’Untel. Pendant ce temps, vous restez les bras ballants car, de toute façon à cette date-là, vous ne serez plus sur le même continent. Et je vous avoue, c’est assez étrange comme sentiment.
Cela donnait aussi lieu à de jolis méli-mélo : – “Vous serez encore là pour Noël, hein ?” – “Mais oui mamie, on ne part qu’en février !” ou “Bon ben rendez-vous cet été pour la cousinade !… Ah mais vous ne serez pas là cet été, c’est ça ?”
On a aussi dû rassurer nos familles sur nos plans et répondre à leurs questions : “pourquoi l’autre bout du monde plutôt que Londres ? Ils parlent anglais là-bas !”, “Pourquoi maintenant ? Tu préfères pas attendre un peu ? Voyager moins longtemps ? Moins loin ?” (Rayez les mentions inutiles).
Les hobbies et petites habitudes de vie :
Pour ma part, c’est en partie ce qui m’a retenue plusieurs fois de partir. J’avais une passion dévorante qui m’occupait une grande partie de la semaine : l’équitation et j’avais aussi la chance d’avoir mon propre poney. C’était donc beaucoup de responsabilités et, pour moi, partir signifiait un peu l’abandonner. Mais l’idée a fini par faire son bonhomme de chemin et l’épreuve n’étant plus si insurmontable, j’avais trouvé la solution pour profiter de ma passion jusqu’à mon départ et pour que tout se passe bien pendant mon absence.
Chacun a ses habitudes, son train-train quotidien et ce n’est pas évident de le mettre de côté pendant une longue période. Mais si on a tous besoin d’attaches, de repères, il peut être aussi bon de s’en détacher et d’oser aller vers l’inconnu. Si vous vous dites que cela est impossible, mon exemple est là pour vous montrer qu’à chaque problème, il peut y avoir une solution… Très peu de choses devraient être en mesure de retenir une personne de partir découvrir les autres et se découvrir soi-même.
En définitive, la première étape de la préparation du voyage se fait dans la tête plutôt que sur le papier. Il s’agit d’un cheminement personnel : il faut comprendre et accepter que les choses continuent sans nous, au moins pour un temps. Il faut accepter l’idée que le train-train qui nous (re)tient n’est pas toujours la meilleure source d’épanouissement personnel. Si l’inconnu vous fait peur, comme il nous a fait peur, sachez qu’avec les rencontres que vous ferez et les moyens de communication actuels, vous ne serez jamais seuls bien longtemps en cas de problèmes ou de baisse de régime.
Être au clair avec soi-même sur ces points vous servira également si vous devez faire face aux critiques de votre famille qui s’interroge et surtout s’inquiète pour vous. C’est à vous de les rassurer et par là même, d’affirmer votre envie de voyage.
D’ailleurs, c’est peut-être ça la première étape du voyage : se convaincre soi-même que c’est possible…
Kenza says:
Très bon article, même si je ne suis pas dans cette optique du tout (être expatriée, c’est dans mon métier). Je vais vous suivre, après l’Australie j’envisage un tour en NZ 🙂