Le 6 février dernier marquait le 175e anniversaire du Waitangi Day. Un jour férié partout en Nouvelle-Zélande qui célèbre la signature du controversé Traité de Waitangi, le texte fondateur de la Nouvelle-Zélande.

Après un périple de plusieurs jours en bus, nous sommes remontés de Nelson (sur l’île du sud) jusque dans la Bay Of Island (au nord de l’île du nord) pour assister aux commémorations et célébrations organisées comme chaque année à Waitangi, près de Pahia. Mais avant de vous raconter notre week-end, plongé dans l’histoire, commençons d’abord par découvrir le Traité et ses enjeux.

Avant le Traité : la Nouvelle-Zélande, zone de non-droits ?

Les premiers colons ont débarqué en Nouvelle-Zélande en l’an 1814. Cette mission ne fut que la première d’une longue série. L’arrivée massive des colons, la peur d’une annexion de la Terre du long nuage blanc par la France, le manque de lois régissant la vie quotidienne et le commerce pousse 13 chefs maoris à demander la protection de la Couronne Britannique dès 1831.

En réponse, le gouvernement britannique envoie James Busby comme Résident Brtiannique officiel, qui s’apparente alors au titre de Consul junior avec peu de pouvoir. James Busby est notamment chargé de protéger les Maoris et les colons, mais aussi de veiller sur les intérêts économiques du royaume.

James Busby achète un lopin de terre pour y construire sa maison sur le haut de Waitangi, lieu actuel du Waitangi Treaty Ground.

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La maison de James Busby au début du 20ème siècle. Source : Te Ara

Quelques années plus tard, en 1835, James Busby déclare l’indépendance de la Nouvelle-Zélande, sans l’autorisation de ses supérieurs. Signé par 52 chefs maoris, ce traité d’indépendance vise notamment à se prémunir de toute indexation par la France et donne officiellement le pouvoir et l’autorité collective aux tribus maories unies. C’est donc aux chefs maoris de décider de l’avenir des Terres et des lois qui régissent le pays. Bien que luttant contre la spoliation des tribus par les colons, le traité d’indépendance est également un premier pas vers l’indexation de la Nouvelle-Zélande.

Deux ans plus tard, en 1837, la Couronne britannique installe durablement une colonie en Nouvelle-Zélande, sous prétexte d’intervenir pour limiter la vente forcée (et pour une bouchée de pain) des terres maories aux colons. À la place, le gouvernement indexe le nord de la Nouvelle-Zélande.

C’est ainsi que William Hobson est arrivé comme Consul de Nouvelle-Zélande en 1839. Sa mission : obtenir la souveraineté des Maoris, alors qu’ils ont tout pouvoir sur la Nouvelle-Zélande, dans tout ou partie du pays.

Hobson a joué un rôle particulièrement important lors du traité de Waitangi : représentant de la Couronne, c’est lui qui le rédige (avec l’aide de James Busby) et qui récolte les signatures des chefs maoris.
Dans le même temps, ce lieutenant-gouverneur est chargé d’acheter des terres aux autochtones sous des contrats « justes et équitables ».

Juste après le 6 février 1840, William Hobson deviendra le premier gouverneur de Nouvelle-Zélande.

Le Traité de Waitangi : trois articles, deux langues, de multiples interprétations

Obtenir la souveraineté des chefs maoris à la Couronne britannique est le premier pas vers la ratification du texte, le 6 février 1840.
Très court, le Traité de Waitangi prévoit uniquement trois articles, qui fondent la société actuelle :

  • la souveraineté de la Couronne britannique en Nouvelle-Zélande ;
  • l’exclusivité de l’achat des terres maories par la couronne britannique ;
  • l’égalité des droits pour tous, Pakeha et Maori, qui deviennent ainsi des sujets de la Couronne britannique.

Plus de 40 chefs maoris signent le traité le 6 février 1840 sur le Waitangi Treaty Ground. Des copies sont ensuite diffusées à travers la Nouvelle-Zélande et récoltent plus de 540 signatures. Seul 39 d’entre eux refusent d’apporter leur nom au bas de l’accord.

Signature traité de waitangi

La signature du Traité de Waitangi par un chef maori, devant William Hobson et James Busby. Source : NZHistory

Cependant, la traduction du Traité en Maorie présente d’importantes différences avec le texte anglais :

  • Quand les Maoris pensaient accorder la gouvernance du pays aux Britanniques, ce qui leur aurait permis de gérer leurs propres affaires, ils leur donnèrent leur souveraineté pleine et entière.
  • De la même manière, quand la couronne garantissait la « possession paisible » de leurs « propriétés », la version maorie assurait la pleine autorité sur les trésors des terres et des mers.

Les négociations orales des conditions de l’accord et les explications apportées à ce moment-là étaient probablement aussi importantes que le texte en lui-même, mais aucune trace n’a été conservée.

Ces différentes traductions donnent aujourd’hui encore lieu à interprétation. Se sentant trahi, le peuple maori appelle le gouvernement britannique à respecter les engagements du Traité de Waitangi : la spoliation des Terres et des richesses des Maories par les colons ne s’est pas arrêtée avec la signature de l’accord.

De nombreuses actions sont menées par les autochtones, notamment dès le début des années 1900. Mais c’est seulement en 1975 que le Tribunal de Waitangi voit le jour.

Chargé d’enquêter sur les violations de l’accord par la Couronne britannique, le tribunal recense plus de 2000 plaintes de familles et de tribus maories. À l’heure actuelle, quelques demandes ont abouti à des condamnations, comme l’obligation de rendre les terres ou de dédommager les victimes de spoliation.

Malgré tout, chaque année, le 6 février, les Néo-Zélandais commémorent le Traité de Waitangi. Car bien que controversé et au cœur de nombreuses querelles judiciaires, il n’en reste pas moins le texte fondateur d’un pays qui ne possède pas de Constitution à proprement parlé.

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