Remontés dans la Bay of Island à l’occasion du 175e anniversaire du Traité de Waitangi, nous avons passé deux jours au cœur de l’histoire de la Nouvelle-Zélande. Jour férié partout dans le pays, Waitangi Day ne représente pas la même chose pour tous les kiwis.

Situé à côté de Pahia, la ville balnéaire de la Bay of Island, Waitangi est en fait un tout petit village, et surtout une terre chargée d’histoire. En temps normal calme, le 5 et 6 février, l’endroit accueille par centaines les Néo-Zélandais venus commémorer l’accord fondateur.

La veille du Waitangi Day : entre discours et protestations

Arrivé dans la mâtinée près du wharanui Te Tiriti O Waitangi (Le Traité de Waitangi), on est directement pris dans le flot de la foule. La foule en Nouvelle-Zélande ?! Eh oui ! c’est l’une des rares fois où l’on voit autant de gens concentrés autour d’un même lieu, rassemblés pour un même événement.

Pour cause, dans le wharanui, juste en face de nous, se tient un meeting où siège notamment John Key, le Premier Ministre et chef du gouvernement néo-zélandais. Alors évidemment on vous passe sur le cordon de flics qui encercle le bâtiment, les fouilles corporelles à tout va pour avoir le droit de s’approcher à 150 mètres du lieu, et les invités triés sur le volet conquit à sa cause.

Ah ! Non, pardon ! On est en Nouvelle-Zélande ici : le « cordon de flic » se limite à une petite dizaine d’officiers en tenu. Le périmètre de sécurité… est inexistant ou presque : les gens traversent la route entre les voitures du balai officiel… Et autour du Wharanui, seulement délimité par un muret en pierre, plusieurs personnes scandent leur hostilité au Prime Minister.

Bref, malgré l’apparence détendue de la scène, on sent quand même une ambiance un poil électrique. C’est d’ailleurs ce que nous confirme une kiwi, venue en famille pour assister aux célébrations du Traité. Cette année, plus que les autres, le Waitangi Day s’annonce tendu à cause de nombreux désaccords entre le gouvernement et les administrés.

Une partie de la population, maorie comme pakeha, est notamment présente pour manifester contre Statoil. L’entreprise norvégienne a en effet pour projet de lancer une campagne de forage en eaux profondes pour capter une source pétrolière. Le cortège, parti de la pointe du Cap Reinga, au nord de l’île, est venu à pied jusqu’à Waitangi où les contestataires éliront domicile pour les deux jours à venir.

Waitangi Treaty ground, une visite indispensable !

Au cours de la journée, on profite d’être sur place pour visiter le Waitangi Treaty Ground. On apprécie particulièrement le musée où sont exposés les évènements historiques qui ont mené à l’accord et les enjeux d’un tel traité, d’hier à aujourd’hui.
[Pour info : un nouveau musée est actuellement en construction et devrait être inauguré le 6 février 2016]

Nous avons parcouru le musée, très dense en informations, avant de nous rendre à l’entrée du wharanui installé près du Waitangi Treaty Ground. Au quotidien, le wharanui accueille les touristes venus participés à une démonstration de kapahaka mené par les guides locaux. Pendant une demi-heure, vous assisterez donc à des chants et des danses autour de l’histoire du Waitangi.

En sortant de cette animation, nous étions sur le Waitangi Treaty Ground, non loin de la maison de James Busby. Elle siège là, face au porte-drapeau géant et à la mer, qui dessine un magnifique arrière-plan.

Cette habitation a connu de nombreux changements de physionomies et de propriétaires. Elle a même été abandonnée un temps avant d’être rénovée et ouverte au public. Vrai monument historique, on s’est balader de pièce en pièce et découvert l’histoire de ses occupants ainsi que la vie à cette époque. Au gré des modifications de la bâtisse, vous remontez le temps. Une visite qu’on a vraiment adorée, tant par sa richesse que pour sa clarté, ses illustrations et ses scènes de vie reproduites telle qu’elles devaient être la maison du temps de ses premiers locataires : la famille de James Busby.

Veille de Waitangi : les démonstrations militaires

Au milieu de l’après-midi, les premières animations commencent sur le Waitangi Treaty Ground. Là où 175 ans plus tôt s’étaient réunis des chefs maoris et des colons européens pour signer le traité qui deviendra un texte fondateur.

Au son de la Royal New Zealand Navy Band, les officiers de la marine se sont d’abord présentés au chef des armées, venu passer ses troupes en revue devant un parterre d’ambassadeurs… (Oui, entre John Key et sa clique, plus la quasi-totalité des ambassadeurs et consuls de Nouvelle-Zélande, on en a croisé du beau monde !)

On s’est assis dans un coin, sans savoir qu’on allait être entouré par une grosse partie des chaînes de télé nationales, et sans savoir qu’on serait juste à côté de l’ambassadeur du Japon, de la Corée ou encore du Holy See, l’ambassadeur du Vatican… Autant vous le dire, on était au premier rang pour la cérémonie militaire super officielle, super codée et super longue (et on en a profité pour prendre pleiiiins de photos et de vidéos !!).

Tout se déroule selon un protocole qui nous échappe un peu. Au terme de plus d’une heure de démonstration des forces de la marine, la Royal New Zealand Navy Band interrompt ce calme aparté par un spectacle un peu loufoque… quand on sait qu’il s’agit d’un orchestre de l’armée ! Reproduire les musiques de Mickael Jackson à Games of Thrones, tout en dansant, devant des officiels, c’est osé… c’est la Nouvelle-Zélande !

S’en est suivi la cérémonie du baissé de drapeau au niveau du mât qui marque l’emplacement exact de la tente où s’est signé le fameux traité. Tous rassemblés autour du mât, les militaires d’un côté, les personnalités officielles et le public de l’autre (et complètement mélangé !), nous étions encore en bonne position pour assister à la descente du drapeau kiwi au profit de celui des Tribus unies.

Au côté des militaires figure une délégation maorie, vêtue d’habits traditionnels. Ce ne sont pas les seuls à représenter la minorité autochtone : de nombreux dignitaires militaires portent sur eux des manteaux, des bijoux ou des armes maoris, signe de respect et preuve de leur implication dans la communauté.

La journée touche à sa fin et laisse maintenant place à un spectacle présenté par la très populaire Georgina Beyer, première femme transgenre à entrer au Parlement en 1999. On vous l’a dit, la Nouvelle-Zélande est vraiment la terre des premières fois ! C’est notamment grâce à elle que le texte néo-zélandais des Droits Humains de 1993 reconnaît désormais l’identité de genre pour éviter la discrimination des personnes transsexuelles en Nouvelle-Zélande.

S’en suit des concerts d’artistes liés de près à la culture maorie : chanteurs, showman et danseurs ravit nos yeux et nos oreilles pendant plus de deux heures. La journée touche à sa fin et celle de demain promet de commencer (très !) tôt. Retour donc à l’auberge pour recharger nos batteries (au sens propre, comme au figuré), afin de célébrer le 6 février comme il se doit.

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