On y est, au fameux jour du 6 février. Ici, 175 ans avant, chefs de tribus et colons ont signé, sur les terres de Waitangi, le traité fondateur de la Nouvelle-Zélande. Depuis, chaque année, les Néo-Zélandais fêtent cet accord, bien qu’il soit encore controversé.

La veille du Waitangi Day, les célébrations ont surtout mis à l’honneur les militaires de la Navy. Aujourd’hui, c’est le peuple maori qu’on célèbre autour de nombreuses animations et démonstrations.

La cérémonie de l’Aube du Waitangi Day

On s’est levé au milieu de la nuit pour participer au Waitangi Day 2015. À l’auberge, tout était calme, il est 4 heures du matin, les derniers fêtards sont déjà rentrés. Nous avions programmé de nous rendre à pied sur place, mais un groupe de jeunes kiwis nous a embarqués avec eux, dans leur minibus. Et hop, en route ! S’éviter trois kilomètres à pied de bon matin, on a drôlement apprécié !

Le rendez-vous était donné à 5h à la Carving House pour assister à la cérémonie de l’Aube. Malgré l’heure très matinale, il y a déjà la foule. Les télés sont présentes, tout comme une flopée de personnages officiels et membres du gouvernement. De nombreux sièges sont installés devant le wharanui pour accueillir le public.

Dawn-ceremony-Waitangi Day

Pierre-Jean est resté en dehors, avec les caméramans, pour filmer. Moi, assise au premier rang, je regarde les gens entrer dans la Carving House. Pensant qu’il s’agit de personnes invitées, je les envie… jusqu’au moment où j’aperçois nos covoitureurs rentrer.

Ni une ni deux, me voilà aussi à faire la queue pour m’asseoir dans le wharanui ! Bon, moins bien placée que John Key et ses acolytes, je suis tout de même au meilleur endroit pour assister aux discours des chefs maoris et personnages de haut rang.

En maori et en anglais, chacun s’est exprimé sur divers sujet : l’intégration des Maoris dans la société néo-zélandaise, les défis qui attendent prochainement le gouvernement et le peuple autochtone, les réussites et les échecs des politiques menés et les problèmes environnementaux actuels (et notamment Statoil).

Vous dire tout ce qu’il s’est raconté nous serait impossible : les discours s’enchainaient à des vitesses assez hallucinantes et de bon matin, notre anglais n’est pas encore au top de sa forme ! Cependant, dans les grandes lignes, on a senti deux courants : ceux qui continuent de s’opposer au Traité, qui réclament réparation et des avancées majeures pour garantir l’égalité des droits pour tous. Et d’un autre côté, ceux (principalement des pakeha) qui saluaient les politiques mises en place, vantant les qualités du Traité et les avancés qu’il a permis.

Les discours étaient entrecoupés de chants maoris. Au terme de la cérémonie, c’est finalement l’hymne national qui s’est élevé dans les airs. Ce chant patriotique vous fait frissonner l’échine tant il est beau à entendre. Mélangeant de te reo et d’anglais, a cappella et repris en cœur par l’assemblé, cet instant restera l’un des moments forts de notre Waitangi Day. (L’hymne enregistré est à écouter ici)

Waitangi s’éveille

Il est 7 h du matin, le soleil se pointe enfin. On profite du moment et de la lumière irréelle pour se balader sur le Treaty Ground, jusqu’à l’abri du plus grand waka jamais construit. Nous avons manqué sa mise à l’eau la veille, mais ce n’est pas pour autant qu’on se prive d’inspecter cet immense canoë qui peut embarquer jusqu’à 100 hommes.

Au soleil levant, c’est aussi la cérémonie du levé de drapeau néo-zélandais. Après l’avoir descendu au profit du drapeau des tribus unies, ce dernier reprend sa place. Il trône en haut du mât, là où 175 ans avant, des centaines de chefs et de colons s’étaient réunis pour signer le fameux traité de Waitangi. Au son de la cornemuse, encadré par la Navy, la cérémonie a finalement été brève.

On se rend ensuite sur le terrain des sports pour découvrir un peu ce qu’il s’y passe. Arrivé pile au bon moment, on assiste à la bénédiction des waka et de leur équipage par un sage maori. Une fois le waka à l’eau et les rameurs embarqué, le chef du waka reste debout pour donner les ordres. C’est à son rythme que le mastodonte de bois vogue sur la mer.

Les waka sont, aujourd’hui encore, taillés dans un tronc d’arbre d’un seul tenant. Si l’embarcation n’est pas large, elle est pourtant très stable. Cependant, il faut une force incroyable et une très grande synchronisation des gestes pour lancer un waka sur l’eau. C’est d’ailleurs pour cela qu’on entend les rameurs chanter en rythme les premières minutes.

Une fois les waka éloignés sur la mer, on retourne sur le Treaty Ground où doit se tenir d’autres commémorations. On assiste à l’ultime cérémonie militaire liée à Waitangi Day. À l’heure précise de la signature du Traité, 21 coups de feu ont retenti, accompagné par les coups de canon, tirés depuis les vaisseaux de la Navy, stationnés dans la baie.

Place aux kapahaka !

L’après-midi est consacré au divertissement. On attend avec impatience les prestations des équipes de kapahaka. Le kapahaka est un mélange de danse et de chants maoris interprété par un groupe de 40 danseurs et chanteurs (autant d’hommes que de femmes). Et pour bien commencer, on savait qu’on allait assister à la représentation de l’équipe cinq fois championne du monde. Rien que ça !

Telle une mise en bouche, la team de Kapahaka de la Navy fait une de leurs premières apparitions sur scène. Tout est correctement interprété, on découvre de beaux tableaux avec les danses poi (le genre de bollas fait de papier) et le haka nous donne déjà quelques frissons.

Mais on est vraiment passés au niveau supérieur avec l’arrivée des Te Waka Huia qui, dès les premières secondes, entonnent un chant doux et enivrant, porté par les voix féminines. Les danses et les chants s’enchaînent laissant tantôt place à l’émotion, tantôt l’humour, tantôt l’amour.

Et arrive le fameux haka de guerre. La plus connue des danses maories que vous devez certainement avoir découverte à travers les All Blacks. À savoir qu’il existe autant de haka que de situations (guerre, chant de victoire ou de remerciement…) et que tous ne sont pas des chants guerriers.

On était au premier rang, face à des hommes aux visages chargés de colère, d’énergie, intimidants. Ils ont réussi à transmettre cette énergie, cette force, même sur scène, qui impose une certaine barrière. On sent le sol trembler sous leurs pieds, on voit leurs grimaces, les nerfs qui se dessinent sous la peau, les poitrines qui rougissent au rythme des coups qu’ils se portent. Et croyez-nous : ils n’y vont pas de main morte ! On vibre avec eux. Le vrai frisson qui parcourt l’échine. On reste bouche bée devant une telle démonstration de force. C’est grandiose et c’est passé tellement vite qu’on a envie de le voir, encore et encore…

C’est avec des étoiles plein les yeux que le Waitangi Day s’achève pour nous. On se remet doucement de nos émotions devant les orchestres locaux, chanteurs et artistes maoris. Mais l’heure tourne : il est déjà temps de retourner vers l’auberge et d’empaqueter nos affaires pour aller vers de nouvelles aventures !

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