Lors de chaque interview que nous avons mené et depuis que nous nous intéressons à la culture maorie, nous avons remarqué que le whakapapa (que l’on peut traduire par la généalogie) tient une place immense dans la culture maorie.
Le whakapapa est le lien qui relie chaque individu à son passé, son présent et son futur.
Le whakapapa : une histoire de généalogie
Selon certains, un maori peut se revendiquer comme tel seulement s’il sait par quel waka ses ancêtres sont arrivés, s’il connaît le nom de sa rivière et de sa montagne. En effet, c’est par ces limites physiques que les Maoris définissaient les frontières entre chaque iwi (tribu). Connaître le nom de sa montagne et de sa rivière, c’est connaître sa tribu. Connaître le nom du waka, c’est connaître le chef de sa lignée, son plus ancien ancêtre. Et avec ces trois informations seulement, il est alors aisé de descendre le fil des générations, jusqu’à aujourd’hui.
Si nous, Européens, nous sommes capables de retracer notre arbre généalogique de mémoire sur 2 voire 3 générations, les Maoris vont bien plus loin. Ainsi, John Rabarts, chez qui nous avons passé une semaine à Kennedy Bay, dans le Coromandel, nous a raconté l’histoire de sa famille sur ses terres en remontant sur 650 ans ! Une histoire qu’on croirait tout droit sortie d’un très bon roman d’aventures et qu’on ne tardera pas à vous dévoiler.
À cause de l’ancienneté du peuple autochtone et du fait que les familles étaient souvent très nombreuses, l’Histoire se souvient d’abord des ancêtres ayant eu un rôle crucial dans la vie du iwi : les chefs de guerre, les grands Tohunga (sortent de sorcier qui possédaient des connaissances importantes), ou les ancêtres qui ont œuvré pour leur iwi. On se souvient également des noms des femmes principales et des premiers fils, mais rarement des filles, sauf si leur rôle a été important ou qu’il n’y avait pas d’homme dans la fratrie.
La généalogie est tellement importante aux yeux des Maoris que beaucoup, en plus de connaître leur branche maorie, s’intéressent également à leurs ancêtres européens. Nous avons rencontré plusieurs familles qui n’attendaient qu’une chose : réunir suffisamment d’informations sur l’origine de leur famille européenne pour faire le voyage sur les terres auxquels ils appartenaient.
Qui ne se limite pas aux liens du sang
Pour beaucoup, connaître son passé permet de se connaître soi-même et d’avancer plus sereinement vers son futur. C’est aussi une force : de nombreuses familles sont reliées et membres à différents degrés de plusieurs iwi. En connaissant sa famille, il est parfois plus facile de faire marcher son réseau.
Et il n’y a pas que les Hommes à avoir leur whakapapa : dans la culture maorie, et avant la conversion au christianisme, les Maoris croyaient en un dieu créateur unique, Io. Ce dernier est le père de Papatuanuku, la mère-Terre et Ranginui, le père-Ciel. Leur amour est à l’origine de tout les éléments sur Terre, dans le ciel et les mers. C’est pour cela que les arbres, les oiseaux, les poissons et même les rochers ont leur propre whakapapa.
En plus de définir la « valeur sacrée » d’une personne, le whakapapa fait office de « béquille » pour les personnes en manque de repère. Pour tous, la généalogie est un véritable fondement de leur culture et de leur identité. Elle relie les individus non seulement à leur passé, mais aussi à leurs racines terrestres, qui sont tout aussi importantes dans la culture maorie, et fait le pont avec leur futur : chacun souhaite honorer et faire honneur à ses ancêtres et à sa famille.
Après avoir passé plusieurs semaines auprès de familles maories, nous avons l’impression d’en savoir plus sur leurs vies que sur notre propre généalogie. Et cela nous a vraiment donné envie de nous intéresser davantage à la nôtre.
Les Bazos says:
Top! On a hâte de voir votre documentaire 😀