Pays avec le plus d’immigrés : quel est-il exactement ?

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Les États-Unis accueillent, sans concurrence sérieuse, la plus vaste population immigrée de la planète. Ce constat, implacable, s’appuie sur les dernières données des Nations unies. De l’autre côté de l’Atlantique, l’Allemagne s’impose comme la première terre d’arrivée en Europe, tandis que la France, discrète mais bien présente, se maintient dans le cercle restreint des dix premiers pays d’accueil à l’échelle mondiale.

Regarder les statistiques de l’immigration pays par pays, c’est observer un paysage mouvant, façonné par des choix politiques, l’économie mondiale et des crises géopolitiques. Pour comparer, il ne suffit pas d’aligner les chiffres : il faut mettre en rapport la part d’immigrés avec la population, analyser les nouveaux venus chaque année, et considérer la diversité des statuts juridiques reconnus.

Comprendre les grandes tendances mondiales de l’immigration

Les migrations internationales ne se contentent plus de dessiner des frontières invisibles, elles réécrivent les équilibres démographiques et économiques du monde. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et l’OCDE le soulignent : la circulation concerne aussi bien des travailleurs hautement qualifiés venus chercher un avenir, que des profils plus modestes fuyant la précarité. Les pays d’origine et de destination changent constamment, bousculés par les crises, les tensions économiques, ou tout simplement l’envie d’un ailleurs meilleur.

Mais la migration, ce n’est pas qu’un déplacement physique. Les transferts de fonds, ces envois d’argent vers les familles restées au pays, pèsent lourd. D’après la Banque mondiale et Eurostat, ces flux dépassent désormais l’aide publique au développement, et n’ont plus grand-chose à envier aux investissements directs étrangers. Pour de nombreux pays en développement, ces sommes font vivre tout un pan de la société, maintiennent l’économie à flot et renforcent la stabilité locale.

Pour saisir la diversité et la portée de ces flux, voici quelques points saillants :

  • Les États-Unis restent la première destination des personnes migrantes à l’échelle mondiale.
  • Au sein de l’Europe, l’Allemagne a pris la tête, devant la France et le Royaume-Uni, en nombre d’immigrés accueillis.
  • La France, quant à elle, se distingue comme le principal émetteur de transferts de fonds vers l’étranger en Europe, notamment à destination de l’Afrique, du Maghreb et de l’Europe du Sud-Est.

Les études pilotées par l’OIM et les Nations unies montrent que derrière ces chiffres, chaque parcours d’immigré est unique. Certains ont fait le choix de la mobilité, d’autres n’ont eu d’autre issue que l’exil. Ce mouvement global façonne en profondeur la société contemporaine, bien au-delà des statistiques.

Quels sont les pays qui accueillent le plus d’immigrés aujourd’hui ?

En tête de classement, les États-Unis dominent sans partage. Leur puissance économique, leur attractivité et la diversité des opportunités séduisent plus de 50 millions de personnes nées à l’étranger, selon les estimations les plus récentes. En Europe, l’Allemagne s’est imposée comme le principal pôle d’accueil, devant le Royaume-Uni et la France. L’Australie et le Canada, eux, misent sur une immigration choisie, accueillant une part considérable de travailleurs qualifiés venus des quatre coins du globe.

L’Europe, elle, offre un visage pluriel. Des pays naguère départs, comme l’Espagne ou l’Italie, sont devenus des destinations majeures, notamment pour les originaires du Maghreb, d’Europe de l’Est ou d’Afrique subsaharienne. La France, elle, occupe une place singulière : elle figure parmi les principaux pays d’émission de transferts de fonds, en particulier vers l’Afrique (où 51 % de ces flux aboutissent), mais aussi vers le Maghreb et l’Europe méridionale et orientale. Prenons le cas du Maroc : un tiers des transferts qui y arrivent proviennent de la France.

Les migrations ne se résument pas à des flux économiques. Derrière les chiffres, on trouve des histoires de mobilité professionnelle, de recompositions familiales ou de refuges politiques. Ces dynamiques économiques et sociales dessinent, année après année, une nouvelle géographie de l’immigration.

La situation de la France face à l’immigration : chiffres et réalités

La France occupe un rôle à part sur la scène européenne. D’après la Banque de France, le déficit annuel lié aux transferts de fonds des migrants a atteint 15,8 milliards d’euros en 2023. Sur quatorze ans, ce déficit cumulé approche les 155,5 milliards. Loin d’être anecdotique, ce flux financier structure la relation entre la France et les pays d’origine, de l’Afrique au Maghreb en passant par le Portugal, l’Italie ou la Roumanie.

Sur le terrain, près d’un immigré sur trois envoie régulièrement de l’argent à sa famille ou à des associations restées dans son pays natal. Les circuits alternatifs, tels que la Hawala, restent courants. Selon les destinations, la part des transferts informels varie fortement, de 5 % à près de 70 %, rendant la traçabilité de ces flux particulièrement délicate.

L’impact macroéconomique de ces envois d’argent est tangible. Ils grèvent le PIB, avec une perte évaluée à 0,56 % du produit intérieur brut chaque année. Les effets se font sentir sur la consommation, l’épargne et, en cascade, sur les recettes fiscales. Cette dynamique, si elle alimente l’économie de pays parfois fragiles, pèse également sur le déficit public français.

Quelques repères pour mieux saisir l’ampleur du phénomène :

  • 15,8 milliards d’euros transférés à l’étranger en 2023
  • 155,5 milliards d’euros de déficit cumulé sur la période 2009-2023
  • 28 % des immigrés en France participent régulièrement à ces envois

Mais réduire l’impact de l’immigration à ces seuls transferts serait réducteur. Les nouveaux arrivants contribuent aussi, par leur travail et leur consommation, à la dynamique sociale et fiscale du pays.

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Enjeux et perspectives de l’immigration en France au regard du contexte international

Les transferts de fonds sont devenus un pilier des relations entre la France et les pays d’origine des migrants. Aujourd’hui, ces flux dépassent l’aide publique au développement, rivalisent avec les investissements directs étrangers et représentent la source principale de devises pour de nombreux États, notamment en Afrique subsaharienne et au Maghreb. Cette dépendance financière pèse sur les politiques internes de ces pays, mais donne aussi à la France un levier diplomatique puissant, rarement évoqué publiquement.

Ce rôle de pourvoyeur de fonds soulève des questions. Les transferts sont présentés comme des moteurs de développement pour les pays bénéficiaires, mais ils entretiennent aussi des relations de dépendance. Au Maroc, par exemple, ces envois pèsent pour plus de 8 % du PIB. Côté français, l’idée d’instaurer une taxe sur ces transferts, à l’image de la remittance tax déjà pratiquée aux États-Unis, revient régulièrement dans le débat public. L’efficacité d’une telle mesure reste discutée, mais elle pose une question de fond : comment redistribuer la richesse créée sur le territoire, sans fragiliser les liens avec les pays partenaires ?

Vers de nouveaux équilibres

Les perspectives à venir se dessinent autour de plusieurs axes :

  • L’utilisation des transferts de fonds comme levier dans les négociations bilatérales.
  • La dépendance financière des pays d’origine, qui complexifie la gestion migratoire en France et en Europe.
  • Un enjeu pour la France qui dépasse la simple politique d’accueil, et touche à la fois à sa politique intérieure et à ses relations internationales.

Prendre la mesure de ces enjeux, c’est aussi regarder en face les mutations des migrations internationales : compétition mondiale pour les talents, évolution démographique, transformation rapide des marchés du travail. Pour la France comme pour ses voisins de l’OCDE, le défi consiste à trouver la juste mesure entre attractivité, solidarité et affirmation de ses choix souverains.

Le visage de l’immigration dessine l’avenir des sociétés autant qu’il en révèle les tensions. La prochaine décennie s’écrira sur cette ligne de crête, entre ouverture et recomposition. Qui saura encore en deviner les contours dans dix ans ?