
En 1926, la longueur des robes passe officiellement à mi-mollet, suscitant la désapprobation de nombreux couturiers traditionnels. Les chapeaux cloches deviennent obligatoires dans certains clubs parisiens, tandis que les cravates colorées s’imposent dans les bureaux américains malgré un code vestimentaire strict. Les tissus synthétiques percent timidement le marché, concurrençant la soie et la laine jusque-là incontournables.
L’essor du prêt-à-porter bouscule les normes sociales et favorise une diffusion rapide des nouvelles tendances, créant un fossé inédit entre générations. Les grandes capitales multiplient les défilés publics, amplifiant l’influence de figures telles que Coco Chanel ou Jean Patou.
Plan de l'article
Pourquoi les années 1920 ont révolutionné la mode ?
Les années folles amorcent un véritable bouleversement vestimentaire. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, la société s’affranchit de ses carcans : les codes changent, la liberté de mouvement s’invite dans les garde-robes. Les femmes relèguent le corset au passé, s’emparent de la robe droite à taille basse, synonyme d’émancipation. Les matières deviennent plus légères, les coupes se font simples et pratiques, signe d’une volonté de confort et d’affirmation de soi. La mode des années 1920 s’imprègne d’une effervescence créative, propulsée par l’influence montante de l’art déco.
Ce nouvel élan façonne une esthétique tranchée, audacieuse, presque géométrique. Motifs stylisés, couleurs franches : la décennie ose, parfois jusqu’à la provocation. Les tenues marquent une rupture nette avec l’avant-guerre. Dans les rues, la mode devient un terrain d’expérimentation. Les hommes raccourcissent leurs vestes, adoptent des tissus rayés ou à motifs, misent sur la chemise souple, la cravate fine. Quant aux femmes, elles s’approprient la jupe-culotte, le pantalon, le béret, bousculant les conventions établies.
Voici les éléments qui illustrent cette diversité stylistique :
- Style années : silhouette droite, robes courtes, accessoires sophistiqués.
- Mode art déco : lignes épurées, broderies géométriques, perles et strass.
- Années marquées par les tendances : rejet du passé, attrait pour la modernité.
La mode art déco infuse toute la décennie. Les créateurs rivalisent d’inventivité, les tendances circulent à grande vitesse, portées par les nouveaux médias. Les années 1920 imposent leur cadence : la mode devient le reflet d’une société avide de nouveauté et de liberté.
Les styles féminins et masculins emblématiques des années folles
Impossible de parler des années folles sans évoquer cette explosion de liberté dans le vestiaire. Les femmes s’affranchissent des diktats. Les robes s’adaptent à une silhouette nouvelle : longueur genou, taille basse, matières fluides. Les créations de Coco Chanel deviennent synonymes de modernité. La jupe-culotte fait son entrée et symbolise la conquête de nouveaux espaces, du bureau à la promenade. Côté accessoires, l’audace règne : bandeaux de perles, plumes, strass illuminent les cheveux, tandis que le chignon flou et le bob révolutionnent l’allure.
Trois pièces phares incarnent cet esprit :
- Robe droite : symbole d’une féminité libérée
- Bandeaux et perles : touche d’éclat pour compléter la tenue
- Chaussures Mary Jane : confort et élégance réunis
La mode masculine s’éloigne elle aussi du formalisme d’avant-guerre. Place au costume à coupe droite, plus court, parfois rayé. Les hommes misent sur la cravate fine ou le nœud papillon, accessoirisent avec des chapeaux fedora ou canotiers. Les tissus deviennent plus légers, les couleurs s’éclaircissent, et les chaussures bicolores s’imposent dans les rues animées.
Ce mélange de confort et de raffinement donne naissance à un style vestimentaire multiple. Les costumes suivent le tempo du jazz, les robes virevoltent sous les lumières de la fête. Plus qu’un simple habit, la mode des années 1920 devient déclaration, posture, manifeste.
Quand la culture et la société dictaient les tendances
Réduire la mode des années 1920 à une question d’esthétique serait passer à côté de sa portée. Elle est le témoin d’un véritable bouleversement culturel, social, artistique. Après la Première Guerre mondiale, un désir de légèreté, d’insouciance, s’impose. Les femmes prennent une place nouvelle : le droit de vote se gagne dans certains pays, la sphère publique s’ouvre, le vestiaire évolue. La robe raccourcie prend des allures de manifeste, la jupe-culotte s’impose autant dans la rue que dans les ateliers.
Le style art déco s’invite dans les tissus, inspire des motifs géométriques, des broderies inventives. Les bals, dancings et cabarets donnent le ton : mouvement, célébration, impertinence. Le jazz, omniprésent, imprime son rythme jusque dans la façon de s’habiller.
Dans les quartiers populaires, le style des Peaky Blinders, inspiré d’une réalité sociale britannique, s’affirme : casquette plate, costume trois-pièces, manteau sombre, cravate étroite. Ouvriers comme bourgeois affichent leurs codes, revendiquant leur identité tout en signalant leur singularité.
Les années folles transforment la mode en miroir social, où luttes, révolutions artistiques ou musicales s’entrelacent dans chaque pièce de tissu. L’habillement devient alors un marqueur de l’époque, révélant autant qu’il inspire.
Portraits des créateurs et figures qui ont marqué la décennie
La mode des années 1920 porte la griffe de personnalités dont l’influence perdure. Coco Chanel incarne la révolution : elle libère les femmes, impose la robe droite, la petite robe noire, les tailleurs souples. Le jersey s’invite hors de la lingerie, sous l’impulsion de sa vision. Chanel, c’est l’esprit d’une époque qui bannit la contrainte, trace les contours d’un vestiaire souple et moderne.
À ses côtés, Jeanne Lanvin impose le raffinement : robes de style inspirées du XVIIIe siècle, broderies précieuses, nuances de bleu, sa signature. Élégance et délicatesse séduisent une clientèle exigeante.
Paul Poiret bouscule les habitudes dès les années 1910 ; son influence se prolonge : le corset disparaît, la ligne droite s’impose, les motifs orientaux s’installent. Madeleine Vionnet maîtrise la coupe en biais, libère la taille, crée des robes qui épousent le mouvement. Jean Patou impose le registre sportif : jupes courtes pour le tennis, tricots pour la plage, le corps s’affiche sans entrave.
Côté spectacle, des icônes s’imposent, à l’image de Louise Brooks et sa coupe au bob, figure du cinéma muet, ou encore Joséphine Baker, qui électrise Paris et s’affirme en modèle de liberté et d’audace.
Retenons quelques figures phares :
- Chanel : la modernité et la simplicité
- Lanvin : le raffinement et la couleur
- Vionnet : la maîtrise de la coupe
- Baker : l’émancipation sur scène
De Paris à New York, la mode des années 1920 a pris la rue comme terrain de jeu. Aujourd’hui encore, son souffle résonne, inspirant créateurs et amateurs de liberté. Qui aurait cru qu’une simple coupe droite ou un bandeau de perles deviendraient les symboles d’une époque en quête de renouveau ?




























































