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Avenir de la vente automobile : tendances et prévisions industrielles

Commander sa voiture comme on ajoute un panier sur internet, la recevoir devant chez soi et l’essayer uniquement pour la brancher chez le voisin : le scénario n’a plus rien de futuriste. Acheter une auto sans jamais fouler le sol d’une concession, voilà le nouveau terrain de jeu. Et si, demain, effleurer un volant exposé semblait aussi obsolète qu’écouter un CD dans une Tesla ?

Ventes digitales qui décollent, abonnements à la carte, déclin du thermique : l’automobile s’arrache à ses vieilles habitudes. Une question s’impose : les constructeurs pèseront-ils encore dans la relation avec les clients, ou seront-ils bientôt relégués au rang de fournisseurs de solutions en ligne, invisibles et impersonnels ?

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Où en est la vente automobile aujourd’hui ? Entre mutations et résistances

Impossible d’ignorer le virage à haute vitesse que prend le secteur automobile européen. L’industrie encaisse de plein fouet les ambitions vertes, les pressions sur les coûts et la refonte complète de ses schémas commerciaux. En France, le marché des voitures neuves peine à reprendre son souffle après la tempête Covid-19 : l’année 2020 a marqué une chute brutale des immatriculations, laissant des traces profondes dans le marché automobile. Pour amortir le choc et pousser la transition écologique, l’État a sorti l’artillerie lourde, avec notamment un plan d’aide de 8 milliards d’euros, sous l’œil vigilant du Comité des constructeurs français d’automobiles (CCFA).

Au-delà de nos frontières, l’industrie automobile européenne, c’est près de 14 millions d’emplois, dont 900 000 rien qu’en France. Mais l’Union européenne hausse le ton : l’objectif de 95 g/km de CO₂ pour 2030 force les constructeurs automobiles à revoir tous leurs plans. Renault Group, Stellantis, Volkswagen ou BMW adaptent leur trajectoire, pris en étau entre les exigences écologiques et les attentes du marché. La vague des électriques, disséquée par l’Agence internationale de l’énergie, avance, mais pas sans heurts : prix qui grimpe, autonomie perfectible, bornes de recharge encore trop rares.

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La concurrence, elle, ne dort jamais.

  • Tesla caracole en tête, tandis que les constructeurs asiatiques – BYD, VinFast – s’invitent à la table, bousculant l’ordre établi.
  • Les constructeurs européens se retrouvent coincés entre la puissance de frappe technologique américaine et le pragmatisme offensif de la Chine.

Pendant ce temps, la mobilité explose ses frontières : flambée du marché de l’occasion, digitalisation des parcours d’achat, montée en puissance du covoiturage et de l’autopartage. Les jeunes, d’après les enquêtes Arthur D. Little, restent paradoxalement très attachés à l’automobile, tandis que les vieilles concessions cherchent désespérément à se réinventer.

Quelles innovations vont redessiner le secteur dans les prochaines années ?

La révolution électrique prend de la vitesse. Dès 2025, le véhicule électrique (VE) pèsera 30 % des ventes mondiales ; la France s’apprête à franchir le cap des 60 % en 2035. Si Tesla garde la main, le duo BYD-VinFast redistribue les cartes, tandis que Renault Group et Stellantis multiplient les alliances et les innovations. À la clé : batteries à l’état solide, plus rapides à charger, plus endurantes, qui démocratisent enfin l’électrique.

La numérisation change la donne sur toute la ligne. Les véhicules définis par logiciel (SDV) s’imposent comme la nouvelle norme : mises à jour à distance, fonctionnalités ajoutées en un clic. Stellantis mise sur son cerveau logiciel STLA Brain, Volkswagen et Tesla généralisent la maintenance connectée. L’intelligence artificielle infuse partout : gestion des flottes, marketing ultra-personnalisé (Car Studio AI), conduite autonome, rien n’y échappe.

La mobilité autonome s’installe, étape par étape. Renault Group vise 2027 pour lancer des véhicules de niveau 3+ développés avec WeRide. Les villes s’équipent, dopées par la 5G (merci China Mobile, Continental), pour accueillir ces nouveaux acteurs de la route.

  • L’économie circulaire s’invite durablement : Refactory à Flins (Renault), SUSTAINera à Turin (Stellantis), usines de recyclage de batteries (BMW, Mercedes-Benz, Eramet). L’Europe veut la traçabilité partout, dès 2027.
  • Les constructeurs s’allient avec des start-ups et des industriels (SUEZ, Orano, Bcomp) pour innover sur les matériaux biosourcés et donner une seconde vie aux composants.

La mobilité partagée gagne du terrain. Les plateformes MaaS (umob, MaaS Global) bouleversent les usages, tandis que le Forum international des transports anticipe un basculement vers des modèles collectifs et ultra-flexibles.

voiture électrique

Prévisions industrielles : à quoi s’attendre pour les acteurs du marché automobile d’ici 2035

La route s’annonce sinueuse pour tous les acteurs. En France, 60 % des véhicules neufs vendus seront électriques en 2035 : la mobilité zéro émission s’impose, sans possibilité de retour en arrière. VinFast, le challenger vietnamien, vise 5 % du marché français des électriques dès 2030, tandis que les constructeurs historiques accélèrent leur mue, de l’usine à la formation.

Les métropoles, Paris en éclaireur, se préparent à faire entrer la mobilité autonome dans le quotidien. La RATP prévoit déjà ses premières navettes autonomes pour 2026 ; à Lyon, une cinquantaine de robotaxis sillonnent les rues à titre expérimental. D’ici 2035, 30 % de la mobilité urbaine dans les grandes villes françaises sera à la fois autonome et partagée. Les plateformes MaaS, à l’image d’umob, qui fédère désormais MaaS Global, Cooltra et Donkey Republic, orchestrent des services intégrés, guidés par la donnée et l’IA.

  • 80 % des déplacements urbains passeront par des services de mobilité intégrée dès 2032, d’après les projections du Forum international des transports.
  • Renault commercialisera dès 2027 des véhicules autonomes de niveau 3+, ouvrant la voie à la conduite intelligente à la française.
  • À l’horizon 2035, la France pourra se targuer d’être un modèle d’économie circulaire : reconditionnement, recyclage des batteries, traçabilité généralisée. De nouveaux métiers émergent, la souveraineté industrielle se renforce.

L’État injecte 5 milliards d’euros pour adapter les infrastructures à ces usages inédits. Les géants historiques comme les nouveaux venus devront jouer serré, entre innovations de rupture, résilience industrielle et intégration de services, sous peine de finir simples figurants dans une partie désormais mondiale.

Les voitures du futur s’inventent sous nos yeux. On croyait connaître la route : elle vient de changer de direction.